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Nous sommes dans les années de l’immédiat après-guerre, dans ce quartier populaire de Belleville où l’on entend encore parler le yiddish. C’est ce lieu et ce temps qu’évoque l’auteur avec, on s’en doute, un rien de nostalgie, mais aussi une immense tendresse à l’égard "des voix chères qui se sont tues", voix des grands-parents, Simon et Mania, venus de Pologne, voix des parents, Étienne et Anna, livrés au chagrin des pertes subies pendant l’Occupation et dans le même temps avides de vivre et de rire. L’auteur ressuscite cette petite communauté par une description minutieuse qui s’attache aux plus infimes détails de la vie quotidienne : nourriture, vêtements, voitures, chansons, publicités radiophoniques… Par sa franchise, sa probité et par le regard singulier qu’il porte sur les siens et ce monde disparu, l’auteur réussit son double pari : inscrire sa vie "dans la mémoire d’une autre" et, nous l’ayant donnée en partage, être compris à son tour, "comme une figure de géométrie en comprend une autre".