Conquise de haute lutte au fil des siècles, la présomption d'innocence est ce principe humaniste qui permet à toute personne accusée d'être considérée comme innocente tant qu'elle n'a pas été définitivement déclarée coupable. Or ce progrès, majeur dans l'histoire du droit et de nos sociétés démocratiques, essuie ces dernières années de nombreux assauts.
Accusations publiques, « tribunal » médiatique, enquêtes internes, calomnies sur les réseaux sociaux : de nouvelles formes de justice parallèle se développent à la faveur d'une contestation croissante de l'institution judiciaire, jugée trop lente et trop clémente. Plus surprenant encore, ces attaques émanent souvent du camp dit « progressiste » qui, dans son juste souci de mieux répondre aux attentes des victimes, tend à ne voir dans la présomption d'innocence qu'un instrument d'impunité, sans paraître se soucier du grand péril qu'il y aurait à la restreindre.
Marie Dosé et Julia Minkowski défendent aussi bien des accusés que des victimes. Tirant argument d'un certain nombre d'affaires emblématiques ou impliquant de simples citoyens, elles démontent les mécanismes qui conduisent à bafouer ce droit fondamental et, au bout du compte, interpellent chacun d'entre nous. Leur plaidoyer, aussi urgent que nécessaire, soulève in fine une sourde inquiétude : la présomption d'innocence vivrait-elle ses dernières heures ?