Éloge du Pilori
Considérations intempestives sur les arts de punir
Alain Brossat :« Droit de punir », « pouvoir de punir »... Je vais proférer une énormité : et pourquoi, pour une fois, ne pas tenter de bouleverser notre entendement de ces questions en parlant plutôt de la punition comme un art ou des « arts de punir » ? Pourquoi ne pas tenter de bousculer le régime des affects et sentiments auxquels s'associe le geste de punir et la punition, en les déliant de la tristesse, de la vindicte, du ressentiment, et en les associant plutôt au rire, au vital, à l'imagination ? Pourquoi l'action punitive et la représentation de la punition doivent-ils nécessairement être circonscrits dans le domaine des actions lourdes, sinistres, funèbres, au point que, d'une personne aussi sombre et revêche que possible, on dira : « elle est aimable comme une porte de prison ? »