La vérité de cette histoire est morcelée, incomplète, inachevée dans le temps et dans l'espace. Elle passe par les colons implantés en Indochine pour y exploiter les terres et les forêts. Par les hévéas transplantés et incisés afin de produire l'indispensable caoutchouc. Par le sang et les larmes versés par les coolies qui saignaient les troncs. Par la guerre appelée « du Vietnam » par les uns et « américaine » par les autres. Par les enfants métis arrachés à Saigon par un aigle volant avant d'être adoptés sur un autre continent. C'est une histoire d'amour qui débute entre deux êtres que tout sépare et se termine entre deux êtres que tout réunit ; une histoire de solidarité aussi, qui voit des enfants abandonnés dormir dans des cartons et des salons de manucure fleurir dans le monde entier, tenus par d'anciens boat people.
Avec ce livre, Kim Thúy nous découvre, au-delà des déchirements, l'inoubliable pays en forme de S qu'elle a quitté en 1975 sur un bateau.