Fondateur de la sociologie française, Émile
Durkheim (1858-1917) deviendra célèbre en écrivant
plusieurs ouvrages qui font toujours référence
dans le monde.
Il rejoint la Sorbonne en 1902 où il parvint à
inaugurer la première chaire de sociologie en 1913.
La guerre interrompit son activité et sa vie, avec la
perte de son fils André dont il ne se remit pas.
Mais qui sait que Durkheim passa plus de la
moitié de sa carrière à la Faculté des Lettres et des
Sciences de Bordeaux ? Qu'il y rédigea ses deux
thèses sur La Division du travail social (1893) et
Montesquieu (en latin), Les Règles de la méthode sociologique (en 1894 puis 1895) et Le Suicide
(1897) ? Qu'il professa des cours publics sur la religion (1894, 1900), le suicide (1889), les origines
de la famille patriarcale, l'évolution du droit pénal, l'histoire du socialisme, etc. ? Qu'enfin
il y conçut les cinq premiers volumes de L'Année sociologique ?
Cet ouvrage trouve sa source dans une exposition réalisée au musée d'Aquitaine de Bordeaux,
l'ancien bâtiment de la Faculté. Il propose un retour sur les quinze années bordelaises du sociologue,
les plus productives. Il présente des données inédites sur le cadre de vie de Durkheim,
les maisons qu'il a habitées, sa famille, mais aussi sur son cadre de travail, ses étudiants (parmi
lesquels on trouve Marcel Mauss, Marcel Cachin) et ses collègues. Il donne à voir de nombreux
documents (archives, photographies), certains inédits, qui rendent plus attrayante cette vie de
savant et d'homme de livres.
Ont également participé à cet ouvrage deux historiens, Elsa Clavel et Emmanuel Naquet.
La première reconstitue le milieu de la Faculté des Lettres de Bordeaux ; le second fait le point
sur l'engagement de Durkheim dans l'affaire Dreyfus, également à Bordeaux où il anima la
section bordelaise de la toute jeune Ligue des droits de l'homme.
Émile Durkheim à Bordeaux paraît à un moment de riche actualité éditoriale sur le sociologue
(édition critique réalisée par Myron Achimastos sur Les Formes élémentaires de la vie religieuse,
1912, ainsi qu'un collectif co-dirigé par Matthieu Béra).