Ce livre tente de réparer une injustice : mettre dans la lumière Émira Marceau, une femme ignorée par les historiens qui se sont focalisés sur la destinée de son demi-frère, le général Marceau, dont elle a « forgé l'armure », et celle très controversée de son époux, le Conventionnel régicide, Antoine Sergent. À la fin de sa longue vie, ce dernier a pourtant évoqué par le menu la vie d'Émira, son épouse adulée, allant jusqu'à trahir les moindres secrets de son intimité, ce qui a suffi à jeter un voile pudique sur cette femme au destin tourmenté.
Pourtant, la glorieuse épopée de Marceau et les avatars révolutionnaires de son beau-frère, le graveur Antoine Sergent, ont fait l'objet de nombreux ouvrages depuis le XIXe siècle mais un élément essentiel a été laissé sous le boisseau : l'amour hors norme qui unissait les trois « personnages ». L'ouvrage révèle le martyre que cette femme des Lumières a connu, lors de son premier mariage, et l'étrangeté de la relation conjugale qui l'a unie à son second mari devenu Sergent-Marceau. Il jette aussi une lumière crue sur les préférences d'un jeune général écartelé entre des passions contrariées. Cette « biographie », à trois personnages indissociables, se veut aussi une réflexion sur le tragique de l'Histoire.
Qu'est-ce qu'un héros et qu'est-ce qu'un salaud ? Marceau est au Panthéon et Sergent a le sang de la Terreur sur les mains. Si, le premier, marche sans conteste au côté des grandes gloires de la Révolution française, le second méritait une forme de réhabilitation pour avoir lutté en faveur de ce qui était alors une utopie politique, la démocratie, au service d'un nouveau souverain, le peuple. Ce récit historique, au-delà de l'épopée d'une femme des Lumières et de deux hommes en déroute, tente aussi de leur donner chair, c'est-à-dire de leur restituer leur part d'humanité.
La destinée d'Émira Marceau entre aussi en résonnance avec le combat actuel contre la violence faite aux femmes victimes, depuis des siècles, de la « loi des hommes ».