Emma Woodhouse n'a jamais été amoureuse. Elle
revendique hautement le célibat, mais elle adore
marier les autres. Il y a de multiples intrigues dans
Emma : celles que la jeune fille invente, celles qu'elle
fomente, celles qui existent et qu'elle ne voit pas, celles
qu'elle contrecarre, celles qu'on lui suggère. Partant
d'un groupe limité de jeunes gens, le roman parcourt
l'ensemble des couples possibles selon une logique combinatoire
assez comique qui évoquerait presque l'arbre
des probabilités.
Pour le lecteur français, ce roman brillant et drôle,
centré sur les manigances d'une «marieuse», les dégâts
«collatéraux» qu'elle suscite, la manière dont l'amour
frappe, la manière dont on y succombe - ou dont on
cherche à s'en préserver -, peut évoquer le meilleur
des comédies de Marivaux, qui se donnait pour tâche
de débusquer l'amour des niches où il se cache dans le
coeur humain, et la finesse de Musset.