Mâ Anandamayî était certainement la femme sage la plus
célèbre du XXe siècle. D'après un védantin respecté de Rishikesh :
«Elle disait en toute humilité "je ne suis qu'une petite fille, je n'ai
jamais été éduquée", mais j'ai entendu le bouillonnement du
véda-védanta sortir de ses lèvres divines».
Proche d'elle depuis son enfance, Bithikâ Mukerjî a passé la
plupart de ses vacances et de sa vie en sa compagnie. Elle est
donc bien placée pour donner ici ses témoignages et ceux de sa
famille. Elle est de plus la meilleure biographe de Mâ, connaissant
à fond ce milieu bengali dont elle et Mâ sont originaires.
Professeur de philosophie à l'Université Hindoue de Bénarès, elle
sait situer l'enseignement de Mâ Anandamayî dans le cadre des
rishis et mounis de l'Inde ancienne et des doctrines qui en ont
découlé.
On trouvera du charme à l'évocation d'une "sage" évoluant avec
facilité et naturel dans un monde indien en voie de modernisation,
mais traditionnel avec ces sadhous, ascètes, hommes politiques,
chercheurs spirituels occidentaux, femmes et enfants qui venaient
la visiter jour après jour.
Notre époque est traversée par un courant puissant visant à
redonner au sacré féminin la place qu'il mérite : un rééquilibrage
social, psychologique et métaphysique, pouvant entre autres
contribuer à limiter la violence tristement mâle qui agite le monde,
y compris celui de la religion.
Si l'Occident découvre le besoin de savoir gérer un pluralisme
religieux réel, l'Inde n'en donne-t-elle pas l'exemple depuis des
millénaires ?
À lire et à méditer...