En dialogue avec Jacques Rancière
Une autorité émancipatrice
Ce livre soutient l'idée selon laquelle il est possible de configurer un lieu pour
l'autorité qui permette des processus de subjectivation politique, autorité
reformulée en tant qu'espace de relations et d'action politique émancipatrice,
qui entre en tension et est fortement liée au principe d'égalité. L'apparent
paradoxe d'une « autorité égalitaire » part d'une critique du concept d'autorité
comme relation de domination et propose de recréer des formes et des
relations de production de subjectivité à partir de la pensée de l'égalité de
Jacques Rancière.
Cette conceptualisation nouvelle de l'autorité appartient à un espace de
pensée qui se situe entre les disciplines et cherche à questionner des scènes,
des positions, des relations et des manières de faire et de penser l'éducation
et la transmission, en reprenant tout d'abord le texte de Rancière Le Maître
ignorant (1987), et en construisant des rapports avec d'autres pensées
philosophiques : Arendt, la fondation et le récit ; Hobbes, l'autorité comme
fiction ; Kojève, la reconnaissance ; et Foucault, l'« attitude de la modernité »
et le « souci de soi ».
La configuration de l'autorité ainsi reformulée conduit à analyser des scènes
scolaires en proposant une pensée sur l'expérience-événement, la subjectivité
politique et la trajectoire éducative. À contre-courant d'un ordre qui confirme
l'inégalité, ces nouvelles configurations d'autorité se déplacent vers une
certaine autorisation et donnent lieu à une autorité du récit ; elles vérifient
l'égalité à travers le tracé d'autres lieux et d'autres partages du sensible où
les élèves et les maîtres - tous et n'importe lequel - peuvent apprendre, être
écoutés dans leur parole, et se voient autorisés à prendre part à un « commun »
à partir de leur singularité.