Pandi (littéralement : « en espérant un fils »), Laidi (« un garçon va suivre »), ou Yehao (« ça va aussi »), c'est ainsi que sont nommées, dans les campagnes chinoises, les fillettes qui ont eu la malchance de naître en lieu et place du fils tant attendu... Car en Chine, en dépit de la modernisation économique des dernières décennies, une fille reste investie d'une bien moindre valeur qu'un fils. Dans les représentations sociales, un garçon présente divers atouts inhérents à son sexe, dont les filles sont globalement dépourvues.
Victimes de leur statut dévalorisé, les filles naissent moins nombreuses qu'elles ne le devraient et meurent dans des proportions anormalement élevées. Ainsi, contrairement aux évolutions démographiques observées dans le reste du monde s'ensuit une masculinisation de la population chinoise, sa part masculine augmentant plus vite que sa part féminine.
D'un point de vue strictement démographique, la situation des Chinoises est donc, relativement à celle des hommes, l'une des plus mauvaises qui soient. Là est l'immense paradoxe de cette société en marche vers la modernisation. Alors que les Chinoises se sont largement émancipées depuis les années 1950, de graves atteintes sont maintenant portées à leur existence. La législation chinoise, pourtant explicite sur la question de la protection des droits et des intérêts des femmes, ne permet pas de garantir leur droit le plus élémentaire : celui de vivre.