Le mouvement des Gilets jaunes, d'abord éloigné des syndicats, est un révélateur inattendu de leurs difficultés. Englués dans le « dialogue social », incapables de faire plier les gouvernements successifs, pris dans des enjeux de rivalités internes, ils peinent à élargir leur base sociale et à peser sur les mobilisations.
Depuis près de trente ans une organisation, les SUD, devenus Solidaires, développe pourtant des pratiques plus horizontales et démocratiques et affirme le retour d'un syndicalisme de contestation. Elle rencontre toutefois des obstacles imprévus : comment avoir du poids institutionnel sans s'institutionnaliser ? Comment réussir à servir davantage les intérêts immédiats des salariés sans devenir des professionnels du syndicalisme et en rabattre sur la radicalité du combat ?
Pour éclairer ces transformations profondes, ce livre s'appuie sur une enquête sociologique au long cours qui retrace l'enthousiasme et l'âpreté de parcours militants en Les resituant dans Les grands mouvements sociaux des vingt dernières années. Au-delà du cas de Solidaires, il témoigne de la capacité des organisations syndicales, confrontées à un monde du travail de plus en plus fragmenté et dérégulé, à rendre aux conflits salariaux un rôle moteur et oeuvrer ainsi à des revendications plus larges d'émancipation et de transformation politique.