La phénoménologie post-husserlienne s'est détournée des orientations fondamentales
de son père fondateur pour adopter une position ou bien déconstructiviste ou
bien théologisante - sinon ouvertement anti-idéaliste. Restant fidèle à l'attitude
phénoménologique qui consiste à mettre hors circuit tout présupposé métaphysique
(qu'il soit de nature antisubjectiviste ou dogmatique), le présent ouvrage met
en évidence des motifs cherchant à mettre en place une phénoménologie de la
connaissance et de la compréhension qui évite à la fois l'écueil d'un scepticisme
radical et celui d'une philosophie de la transcendance. À ce dessein, l'essai se divise
en trois parties dans lesquelles sont examinés et explicités - conformément à une
orientation husserlienne, heideggerienne ou encore propre à la phénoménologie
française contemporaine - les concepts fondamentaux d'une phénoménologie
transcendantale fondée spéculativement. Dans la mesure où se profile par là une
position philosophique qui intègre, par ailleurs, des compréhensions et acquis toujours
valables de la philosophie classique allemande, se dessinent les lignes fondamentales
d'un «transcendantalisme spéculatif» qui essaie de renforcer la phénoménologie du
XXIe siècle naissant au sein du débat contemporain (par exemple face au «réalisme
spéculatif»). Il s'agit en particulier de répondre, du côté de la phénoménologie, au
rapprochement de la tradition européenne effectué actuellement par la génération
la plus jeune des penseurs «analytiques». Cela rendra peut-être possible d'élever
l'échange entre les deux orientations contemporaines à un niveau qui n'était pas
accessible au XXe siècle en raison de préjugés et distorsions idéologiques.