« Une vie plus vraie qui rend putride notre vie officielle ». Voilà comment Henry de Montherlant perçut les aventures des héros de Pétrone, dans un Satyricon dont il compara l'effet lumineux aux clairières des tableaux de Watteau, qui s'ouvrent sur un ailleurs resplendissant. Montherlant ne nous dit pas en quoi précisément cette oeuvre nous parle d'une vie plus vraie que celle de l'homme moderne. Mais il y a fort à parier qu'il songeait aux amours d'Encolpe et de Giton, placées sous le signe de la spontanéité et de la liberté. Car le Satyricon est avant tout un roman d'amour. Et les amours païennes qu'il décrit avec tant de naturel sont certainement ce qui a le plus piqué la curiosité d'un public occidental bridé depuis des siècles et catéchisé dans la haine de la pédérastie. Le lecteur moderne sera encore sensible, avant tout, aux exploits du dieu Eros dans ce roman. Comment, en effet, ne pas être ému par les retrouvailles des deux amants et le pardon d'Encolpe accordé à un petit ami qui eu la faiblesse de l'abandonner ? Comment ne pas être touché par la preuve d'amour que donne Giton à son éraste en s'attachant à lui pour ne pas en être séparé dans la mort, au moment où la tempête menace de les engloutir ?
Afin de privilégier cette histoire d'amour, un célèbre et copieux morceau du roman, le « Banquet de Trimalcion », a été sacrifié ici. Nous l'avons jugé indigeste pour les amateurs de romance. Et, quoique le reste de l'oeuvre aurait pu très légitimement conserver le titre de Satyricon, nous avons préféré la nommer Encolpe et Giton, en référence et en hommage aux titres des romans grecs anciens. L'introduction explique et justifie ces choix.
En annexes sont fournies une chronologie des éditions et traductions du Satyricon, une étude sur le mot cinède, ainsi que des extraits d'une traduction anonyme inédite du XVIIe siècle, dont l'histoire nous est préalablement contée.