Considérées isolement, les 258 photographies, faites a Paris et en France en 2008 avec un appareil numérique et reproduites ici en totalité, ne présentent pas de difficulté de lecture ; elles sont relativement simples dans leur structure et dans leur contenu. Par ailleurs, elles ne font appel à aucune connaissance propre à l'histoire de l'art en général, ni à l'histoire de la photographie en particulier. J'ai néanmoins voulu construire un ensemble qui devienne vraiment complexe et certainement déconcertant, en travaillant soigneusement l'enchaînement des images les unes aux autres ; manière singulière de penser le visible. Il n'y a pas une image, extraite du corpus des contacts, qui n'ait été sélectionnée en vue du montage final, lequel visait a proprement parler une écriture photographique, et sa matérialisation, le livre. La question est : comment et de quoi se constitue une image globale, c'est-à-dire une représentation du réel qui parvienne à fabriquer un récit et à édifier une histoire du regard où la plasticité de l'objet prévaudrait sur l'objet plastique même. Edgar Morin dit, dans La Méthode : « Plus les connaissances s'accumulent, moins le monde devient compréhensible. Ce qui nous manque le plus, ce n'est pas la connaissance de ce que nous ignorons, mais l'aptitude à penser ce que nous savons. » Ainsi j'ai voulu faire un livre, c'est-à-dire un fleuve, une cité, un paysage, et lorsque, avec Dominique Gaessler, l'éditeur, nous en avons conçu la forme, cette bande blanche courant tout le long des pages m'est apparue, après coup, comme l'empreinte de la piste son d'une pellicule 35 mm sur laquelle se serait imprimé l'effroi muet de l'image de la couverture.
Quant au titre, il dit exactement ce qu'en dit le Larousse, à savoir la persistance, la répétition, le renforcement, la réserve. PH