Encore un enfant ?
Une diatribe et un essai
Des enfants, Siffreine et Fabrice Hadjadj en ont eu neuf, avec une inconscience telle qu'elle paraît friser le surnaturel. Aussi les accuse-t-on d'activer le « suicide de ta planète » et de « ne pas penser aux générations futures », car y penser, bien entendu, c'est éviter de les faire naître.
Jusqu'ici l'auteur répondait en aggravant son cas : « Dès le premier enfant, nous étions complètement dépassés... C'est pourquoi nous nous sommes dit que nous pouvions en avoir d'autres... » L'éditeur l'a enjoint d'étoffer son argumentation. Voilà pourquoi il s'explique, dans les deux sens du terme : querelle et éclaircissement.
Dans une première partie, il a une explication avec ses détracteurs, et s'abaisse jusqu'à considérer la démographie, son empreinte carbone familiale, la « pilule d'or » selon Soeur Sourire et le « suicide occidental » selon Michel Houellebecq...
Dans une seconde partie, non plus diatribe, mais essai, il ose expliquer que le problème renvoie à une question beaucoup plus radicale : « Pourquoi donner la vie à un mortel ? » C'est un peu comme si, après la course, il se tirait une balle dans le pied. Comment en aurait-il été autrement ? Ses éclaircissements ne pouvaient que le reconduire au mystère de la vie, dans sa gratuité dramatique, oscillant entre l'aberration et la grâce.