Mauvaise surprise pour Isaac Rosa : un lecteur
sans foi ni loi a mis la main sur son premier roman,
La Malamemoria, et profite de sa réédition pour
ajouter au texte ses critiques et autres sarcasmes,
une attitude inacceptable pour l'écrivain. La Malamemoria
narre les mésaventures de Julián Santos,
quadragénaire madrilène cynique et désabusé,
professeur de lycée et nègre pour le compte de
seconds couteaux du régime franquiste. Santos
est engagé par la veuve de Gonzalo Mariñas, un
homme d'affaires qui vient de se suicider, dans le
but de rédiger les Mémoires de son défunt époux.
Sur fond de transition démocratique en Espagne,
ses recherches le conduiront en Andalousie, dans
un mystérieux village oublié. Il renouera avec son
propre passé, tout aussi trouble. C'est précisément
cette réflexion sur la mémoire qu'attaque avec une
joyeuse férocité le lecteur «pirate» de La Malamemoria,
administrant à son infortuné auteur
une magistrale et hilarante leçon qui pourrait
fort bien s'appliquer à de nombreux autres livres
sur le même sujet.