Au milieu du XIXe siècle, le concept d'énergie émergeait à la confluence des idées de la mécanique et de la science de la chaleur. La science générale des transformations de l'énergie se constitua sous le nom de thermodynamique et s’établit selon deux principes : sa conservation et l'irréversibilité des processus de ses transformations, qui sont admis depuis lors comme des lois générales de la nature, s'appliquant à tous les domaines de la science, de la physique à la biologie. Ce sont ces événements, tels qu'ils se sont manifestés au cours de la période qui s'étend du milieu du XIX e siècle à la seconde décennie du XXe, que scientifiques, historiens et philosophes des sciences, spécialistes de ces questions, se proposent de décrire et d’analyser dans les deux volumes du présent ouvrage.
Ce premier volume retrace comment le concept d’énergie s’est constitué scientifiquement, et comment il est devenu central pour les activités techniques et industrielles relatives à sa production et à ses transformations, en renouant avec ses origines : les problèmes posés par les machines thermiques. Il montre ensuite comment la notion d'énergie, avec tout ce qu'elle représente comme puissance de transformation de la nature, de la société et de l'environnement, a bousculé et interpellé les représentations intellectuelles dans les sciences et dans les différentes conceptions religieuses chrétiennes: recherche d’une théorie physique unificatrice, nouvelle théorie du vivant, fonctionnement de l’organisme humain, théorie de l’évolution et recherche de ses mécanismes, naissance des sciences de l’esprit. L’aboutissement en sera l’entrée de la science de l’énergie et la promotion des sciences dans l’enseignement. Ces bouleversements liés à la notion d’énergie ont affecté, aussi bien les Sciences que la Philosophie, les Lettres et les Arts. Parfois au prix du glissement de ce concept scientifique unificateur en vecteur d'idéologie : ceci constituera l’objet du volume 2.