multiplicité des cultures sur le sol national, besoin de reconnaissance des familles migrantes et de leurs enfants, nécessité d'anticiper une société métissée. Pourtant, les professionnels - enseignants, éducateurs, médecins, infirmières, psychiatres, psychologues... - qui ont à s'occuper d'eux objectent souvent que ces enfants de l'émigration ne se sentent pas différents des autres. Et que, par définition, la société française n'est pas «multiculturelle», du fait de son modèle d'intégration individuelle tant loué.
Au nom d'un universalisme généreux, ils mesurent mal l'impact sur les enfants des situations d'exil ou de migration vécues par leurs parents. Ce qui est, un peu hâtivement, mis au compte d'un manque de limites et de règles d'autorité est plutôt un problème d'identité.
C'est ce que montre l'auteur de ce livre, en s'appuyant sur l'expérience des consultations transculturelles qui accueillent les immigrés et leurs enfants : celles-ci ont permis, ces dernières années, de mettre au jour les souffrances de ces familles et les obstacles sociaux et culturels rencontrés au quotidien par leurs enfants, qu'ils soient bébés, en âge scolaire ou adolescents. Les cas cliniques racontés ici servent à l'auteur de points d'appui pour analyser et éclairer des situations plus courantes auxquelles peuvent être confrontés les professionnels et qui les laissent souvent dans l'embarras.
Ce livre, nourri d'histoires de vie et de rencontres avec des migrants et leurs enfants, est précieux pour nous aider à changer notre regard sur eux. Tout à fait essentiel pour comprendre la problématique transculturelle, il permet de penser ces enfants d'ici venus d'ailleurs dans leur singularité, pour mieux les aider, les éduquer, les soigner.