Max et Jerry ne se sont pas revus depuis que Jerry a quitté la maison familiale pour l'Afghanistan. Max, son frère, est resté comptable dans une entreprise d'emboutissage.
Et, si, un soir, Jerry passe la douane en fraude pour un retour de quelques heures parmi les siens, c'est que, comme Max, il poursuit un objectif qui devrait lui faire gagner beaucoup d'argent. Le plan ne peut échouer. Quitte à employer les grands moyens.
Enlèvement avec rançon est une histoire de trahison et d'amour fraternel, de rancoeurs familiales longuement macérées. Comme toujours dans les romans d'Yves Ravey, un arrière-plan social se dessine par touches. La politique mondiale fait aussi irruption avec le terrorisme et ce « réseau dormant » auquel appartient Jerry, prêt à se réveiller. Par quel fanatisme ce garçon, né dans un patelin du Jura français, issu de la classe ouvrière, s'est-il embarqué jusqu'au bout dans une cause si éloignée de lui ? Yves Ravey se garde bien de fournir des réponses. Il n'y a aucune morale, aucun jugement dans ce roman, dépouillé jusqu'à l'os, tragique comme peuvent l'être les westerns, burlesque aussi, comme eux, parfois. Du grand art.
Isabelle Rüf, Le Temps.