Les enseignements à distance émanent de l'endroit des signes; ils permettent l'élévation par des messages lointains. D'où viennent ces signes ? Qui les adressent ? Qui sont les enseignants à leur origine ? Comment pensent, travaillent et évaluent ceux qui font l'enseignement à distance ? C'est à ces questions de recherches anthropologiques que répond l'ethnographie que nous livrons ici; elle a pris place pendant trois années dans une organisation éducative vénérable, grâce à son site dédié à l'enseignement supérieur - dont nous garderons l'anonymat par déontologie.
La professionnalité de la profession de professeur, qui est parole devant audience, laisse alors place à une industrie du signe paradoxale, souvent muette dans les fascicules, parfois loquace sur des enregistrements sonores, voire audiovisuels et numériques. Les arts et les métiers, que nous décrirons par le détail, montrent une pensée gestionnaire à l'oeuvre dans cette institution (c'est le lien formation-emploi); un génie nouveau, à la fois ingénu, car libre, et ingénieux puisqu'inventif avec des supports modernes, comme la classe virtuelle. Mais nous verrons aussi la permanence des valeurs de l'instruction par l'évaluation qualitative, supérieure à la masse des nombres.
Faisant abstraction des péripéties du quotidien, vous pourrez lire une anthropologie de l'éducation qui est une anthropologie des savoirs, non pas produits, mais de ceux qui les produisent. C'est l'anthropologie d'une organisation éducative, économique par l'agence étudiée dans son labeur, mais aussi épistémique par ses objets, résultats et conditions de possibilités.