Entêtements: ainsi m'a-t-il semblé possible de nommer, plutôt que pensées par exemple, ces aperçus ou intuitions hybrides de répulsions et de désirs, sommations de l'âme ou réactions émotives de l'intellect - choses mentales donc, mais qui ne sont si manifestement dues ni à la réflexion ni au raisonnement que l'on serait en peine de leur donner forme conceptuelle dans le moment où l'on en est saisi. Elles en viennent pourtant à occuper tellement la pensée que celle-ci va être contrainte de les traduire en paroles avant même d'avoir pris conscience que les dire ainsi revient maintenant, pour elle, à se dire. Et c'est encore après coup qu'elle s'avisera que toutes procèdent d'un même esprit d'insoumission, et que celui-ci, retrouvé en autrui, fonde ce que Hölderlin nomme la vie de l'esprit entre amis, ici traduite en communisme de pensée, dans lequel le politique ne se distingue pas du poétique. La révolte qu'inspire le spectacle de l'état de choses est un équivalent du regard neuf de l'artiste sur le monde extérieur. Les «horribles travailleurs» s'y confondent.