Ces entretiens avec Salvador Dali ont été publiés pour la première fois il y a trente ans. Ils reproduisent une série de conversations tenues dans un même lieu : un hôtel de luxe parisien, comme il les aimait et où il jouait beaucoup plus au pitre, au matamore, au génie philosophique, qu'au peintre proprement dit. Il se plaisait alors dans une atmosphère qu'on peut qualifier d'agoraphile.
Il nous a dit, vers 1975 : «Je veux qu'il y ait un faux Dali avec une vraie signature de Dali dans chaque épicerie des cinq continents, depuis Santiago du Chili jusqu'à Katmandou.» Cette flagellation ne peut rien, aujourd'hui, contre les trente ou quarante - pas plus - toiles qu'il a laissées, où l'art s'allie si bien avec le défi sans cesse renouvelé. Salvador Dali n'est-il pas une sorte de Sigmund Freud allongé sur le dos d'une girafe en feu ?
A. B.