«Quel sera le nouvel Etat russe : "populiste" et traditionnel comme auparavant ou démocratique et moderne, orthodoxe et schismatique à la fois, plus blanc que rouge, moins slavophile qu'occidentaliste, aussi asiatique qu'européen, davantage "une Russie que la raison ne saurait embrasser" et "en laquelle on peut seulement croire" (Tiouttchev), ou bien cette autre Russie "robuste et au gros cul" (tolstozadnaïa) qu'a chantée Alexandre Blok, "avec le Christ" ou "sans croix" ? Quelle qu'elle soit, elle devra compter avec tout ce que lui laisse l'Union soviétique, tout ce, aussi, dont celle-ci l'a privée, peut-être à jamais.» (Extrait d'une lettre à Mikhaïl Gorbatchev)
«Il serait souhaitable que l'Europe à venir fût moins euro-centriste que celle du passé, plus ouverte au reste du monde que l'Europe colonialiste, moins égoïste que l'Europe des nations, plus consciente aussi de son "esprit européen" et moins portée à l'américanisation. Il serait utopique de s'attendre à ce qu'elle devienne, dans un temps prévisible, plus culturelle que commerciale, moins communautaire que cosmopolite, plus compréhensive qu'arrogante, moins orgueilleuse qu'accueillante, plus encline à l'action qu'à la rhétorique et en fin de compte, pourquoi pas, un peu plus socialiste à visage humain ou moins capitaliste sans visage.» (Lettre sur «Le mal d'identité», à Czeslaw Milosz et à François Fejtö)