Si Erasme se disait volontiers citoyen du monde, le charme cosmopolite de la Rome renaissante le séduisit tant qu’il forma plus d’une fois l’inutile projet d’un retour. Le premier pan de la brillante synthèse de Renaudet concerne ainsi ce qu’Erasme a pris à l’Italie, ce qu’il lui dut, et dans quelle mesure elle a instruit et formé son génie. Erasme porta cependant un regard critique sur la Rome papale qu’il eût volontiers allégée de ses dogmes et pratiques, reconduite à la pureté supposée de ses origines. Egalement critique fut le jugement porté sur l’humanisme italien avide de fidélité cicéronienne certes, mais succombant bien vite aux facilités littéraires. Le deuxième volet de l’étude restitue donc les relations tendues entre Erasme et l’Italie humaniste et religieuse, et débouche sur la délicate question de la troisième Eglise. Dans sa préface Silvana Seidel Menchi, spécialiste avérée des recherches érasmiennes en Italie, souligne la fraîcheur et la force de cette synthèse qui a si peu vieilli.