La cour du roi Arthur réunit les meilleurs chevaliers autour de sa Table Ronde et de son couple de souverains. Mais comment garantir l'harmonie et la bonne entente parmi des guerriers qui revendiquent tous d'être le meilleur et l'ami de la plus belle ? Plutôt que de se poser en rival du roi, Erec, fils du roi Lac, place la jeune femme qu'il a conquise par sa bravoure dans l'orbe symbolique d'Arthur et de Guenièvre. Mais l'histoire ne s'arrête pas au mariage des deux jeunes gens, et c'est ensemble qu'Erec et Enide découvriront la Joie de la Cour.
Erec et Enide, que Chrétien de Troyes signe fièrement dans son prologue, est à plusieurs titres une oeuvre inaugurale. Écrite sans doute vers 1170, elle marque le déploiement romanesque de l'univers arthurien, met au point les techniques du roman d'aventure et prend soin de se distinguer des productions contemporaines pour souligner la subtilité de son écriture.
Le lecteur d'aujourd'hui y retrouvera les éléments de la légende arthurienne qui lui sont devenus familiers mais il pourra également en apprécier la singularité. Même si l'ironie de Chrétien vient parfois appeler à une discrète distance, tout paraît encore possible, dans l'euphorie de disposer un monde riche d'histoires à venir : un mariage qui trouve le bonheur dans la durée, un jardin où le mot « joie » reprend sens, une cour où rois, chevaliers mais aussi artistes et poètes, peuvent trouver leur place, dans la célébration de fêtes qui soudent la communauté.