Érotisme et folie au féminin
Que veut la femme ? Cette célèbre question prêtée à Sigmund Freud a trouvé chez lui deux réponses divergentes. La première (l'officielle) est celle du complexe de castration : la femme envie à l'homme le pénis qu'elle n'a pas, et se tourne vers lui pour en jouir dans le rapport sexuel (l'avoir en soi, à défaut d'en avoir un à soi). La femme freudienne est un garçon manquant. Mais Freud a aussi développé, bien que de façon plus implicite, une théorie alternative où l'on rencontre une femme imprégnée de masochisme, et dotée d'un orifice vaginal ; le désir d'être pénétrée y
apparaît comme un but en soi. C'est cette seconde conception, développée depuis par de nombreux auteurs, qui est prolongée ici : le féminin, chez chacun de nous (homme ou femme), relève de ce désir concave, cette appétence à la réceptivité, cet appel puissant adressé à l'autre pénétrant ou, comme le chante si bien Barbara : Mon amour, il faut que tu viennes !
Cette dimension concave, centripète, du rapport à soi, à l'autre, au monde, n'est toutefois pas exempte d'ambivalence : elle réveille des angoisses de pénétration, d'intrusion, de confusion, jusqu'à la terreur de voir son monde interne anéanti par ce corps étranger excitant. Comment concilier désir et angoisse de pénétration ?
À partir de récits de cas célèbres, mais aussi de sa propre pratique clinique, l'auteur considère une psychopathologie du féminin. Il repère en quoi ses formes les plus diverses (de l'inhibition névrotique banale à la grande psychose hallucinatoire chronique, en passant par les phénomènes d'extase mystique et de possession) constituent autant de tentatives de résolution de cette ambivalence : autant de folies au féminin.