Traduit du grec par Denis Kohler
Ce Tristan et Iseult de la Méditerranée, célèbre de Venise à Constantinople, est traduit pour la première fois ici en langue française. Chants d'amour, tournois de chevalerie, actes de bravoure, glorification de l'honneur, filtres magiques, tous les éléments de la littérature courtoise sont là.
Malgré lui, Erotocritos tombe éperdument amoureux de la fille du roi d'Athènes, la belle Arétousa. Elle, à son tour, est éprise. Mais son père ne veut rien savoir et l'emprisonne. Exilé, Erotocritos erre et dépérit, cherchant comment prouver au souverain qu'il est digne de sa bien-aimée.
Erotocritos est une oeuvre majeure de la littérature européenne par le succès populaire qu'il a connu et connaît encore et par la force poétique de l'évocation amoureuse qui fait de lui le premier roman moderne de la littérature néo-hellénique. Georges Séféris, Prix Nobel de littérature et auteur du célèbre essai reproduit ici à la suite de l'oeuvre, disait que c'était « peut-être le seul, en tout cas l'un des très rares textes grecs qui sachent parler sensuellement dans un monde à l'érotisme refoulé. »
Elle retira de son doigt une belle bague et la lui donna en pleurant et en soupirant.
Elle lui dit : « Mets-la à ta main droite, signe que tant que je serai vivante, je resterai ta compagne, et ne l'ôte pas, où que tu sois et quoi qu'il t'arrive. Porte-la en te souvenant de celle qui te l'a donnée. Et si mon père m'ôte la vie et se refuse à céder à ma volonté, conserve notre amour, demeure comme tu as toujours été et garde cette bague toute ta vie. Ceci est notre cérémonie de mariage, et c'est suffisant, heureux de ce que nous nous sommes juré et dont ceci restera toujours la preuve. Et si le Destin ne consent pas à nous réunir vivants, que ton âme vienne, heureuse, retrouver la mienne dans l'Hadès. Je t'attendrai toujours, morte ou vivante, parce qu'un amour fidèle subsiste jusque dans les os. Sois-en sûr, quoi que puisse faire mon père, toi seul seras mon époux. »