Dans ce recueil de pièces s'élèvent des voix. Des voix pour conjurer la disparition, recomposer le souvenir de proches disparus, dans un paysage fragmenté, troué d'absences et fissuré par l'écoulement du temps. Dans Erratiques, en Allemagne de l'Est après la chute du mur, un enfant enregistre tel un sismographe les soubresauts de l'histoire et voit s'effondrer son monde - une mère et une époque qui ne reviendront plus. Puis ces quêtes de présence se déploient dans De la disparition du père, biffures et traces inscrites dans l'écriture, souvenirs de visites au père balayés par le vent, allers et retours dans l'espace-temps. Ou enfin, dans Nous trois, à travers la maladie incurable de l'enfant d'un couple parti s'installer au Canada : Printemps grandit au rythme des saisons mais ne guérira pas, rétrécit tel un cycle de vie à rebours, voyage sans retour. Re-poétisant le drame de l'intérieur, dans sa matérialité sonore et visuelle, mais aussi dans ses silences, Wolfram Höll dessine une poésie du monde, d'un geste humble et radical.
Erratiques est traduit de l'allemand par Laurent Muhleisen, De la disparition du père par Sonia Chiambretto et Camille Luscher, Nous trois par Dany Boudreault et Laurent Muhleisen.