Kenadsa et Timimoun, deux ensembles (un ksar est un lieu fortifié d'Afrique du Nord) de ksour du sud-ouest algérien, sont les témoins d'un passé aujourd'hui bousculé par une rationalisation de l'espace. Or, les contraintes rationnelles écosystémiques et technologiques ne suffisent pas à expliquer le choix du site et la morphologie des établissements humains: la donnée spirituelle est parfois bien plus déterminante. Les logiques qui déterminent l'organisation, l'aménagement et l'occupation de l'espace relèvent ici davantage du sacré que de l'économique. Pour le démontrer, l'auteur a choisi, dans cet essai d'anthropologie culturelle, de s'attacher plus particulièrement à la fête du mawlid, commémoration de la naissance du Prophète mais aussi fête du ksar et de son saint. La fête, en tant que retour sur les jalons constitutifs de la mémoire collective, met en lumière les fondements de la communauté. Les sites s'érigent alors en lieux débordants de sacré qui balisent les espaces en leur donnant du sens. En utilisant des sources locales inédites et des archives coloniales, en mettant à profit une longue expérience du terrain, l'auteur présente et analyse les multiples formes entrelacées de l'islam saharien (islam classique, populaire, mystique et prophylactique). C'est un islam vivant, inscrit dans les lieux, les paroles et les actes qu'Abderrahmane Moussaoui nous permet d'approcher le temps d'un livre.