Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier, la revue Esprit est interdite
par Vichy en 1941, avant d'être refondée en 1944. S'inscrivant, dans la
lignée de Charles Péguy, au confluent des cultures catholique, socialiste et
républicaine, elle est le creuset d'une tentative politique et intellectuelle
inédite ; elle abrite depuis sa fondation un travail identitaire qui dépasse le
cadre exclusif de chacune de ses cultures de référence.
Consacrée à la période qui court de 1944 au début des années quatre-vingt,
cette seconde histoire politique de la revue Esprit s'inscrit dans la
continuité du travail de Michel Winock. L'auteur, reprenant l'histoire là
où ce dernier l'avait arrêtée, s'attache à restituer la revue comme une
organisation complexe, traversée par des clivages et des débats
permanents, loin de toute identité figée. C'est finalement à une nouvelle
approche de la notion même de «personnalisme» que cet ouvrage invite,
en même temps qu'à une interrogation sur l'idée d'une démocratie
intellectuelle permettant de relire l'histoire du demi-siècle passé.