Ce livre fait partie de la courte liste des ouvrages philosophiques publiés par des centenaires. Il est en effet paru le jour même du centième anniversaire de Gadamer, le 11 février 2000. L'auteur y revient à son thème de prédilection, celui de l'herméneutique, qu'il avait si profondément renouvelé dans son oeuvre maîtresse Vérité et méthode (1960). Mais les accents ont changé. Là où il était question des préjugés des Lumières, il y va maintenant du destin de la révolution industrielle et de la globalisation de la rationalité occidentale. Alors que les sciences humaines étaient encore abordées sous l'angle de la méthode en 1960, c'est leur apport à l'avenir de l'Europe qui sera ici souligné. Là où il s'agissait de la prétention de connaissance de l'oeuvre d'art, il est davantage question de la «transcendance» de l'art, mais aussi de la métaphysique, dont les sciences humaines ont repris l'héritage. Tout en abordant des questions centrales de la pensée contemporaine - l'héritage des Grecs, Heidegger et la fin de la philosophie, Nietzsche et la métaphysique -, le maître de l'herméneutique livre ici ses dernières réflexions sur des thèmes qui lui tiennent à coeur, comme ceux de l'art et de la poésie, de la reconnaissance et de l'humanisme, de l'amitié et de l'écoute. «L'herméneutique», dira Gadamer, «est la théorie selon laquelle nous devons apprendre à écouter».
Traduit par Jean Grondin, professeur à l'Université de Montréal.