Essai analytique sur les facultés de l'âme
Le philosophe et naturaliste suisse Charles Bonnet (1720-1793) a publié en 1760 un Essai analytique sur les facultés de l'âme qui constitue un ouvrage de référence dans la philosophie du XVIIIe siècle au même titre que l'oeuvre du philosophe français Étienne Bonnot de Condillac (1715-1780). La méthode est identique chez les deux philosophes des lumières : animer graduellement une statue humaine pour expliquer la nature et le développement des opérations de l'âme. Cette coïncidence fortuite fit d'ailleurs soupçonner à tort Bonnet de plagiat. Ayant déjà débuté la rédaction de son livre, il s'aperçut effectivement que Condillac l'avait devancé dans une analyse semblable. Bonnet va cependant aller beaucoup plus loin que Condillac en développement une psychophysiologie des facultés mentales. L'insertion physique du psychisme humain est une des marques caractéristiques de sa philosophie analytique. De plus, cette révélation sensualiste rompt avec la pensée de Condillac dans la mesure où Bonnet n'adhère pas une conception purement passive du développement des facultés. En effet, le philosophe genevois installe l'activité de l'âme au commencement, dès la première sensation, en accord avec les idées de son philosophe favori : Wilhelm Gottfried Leibniz (1646-1716). La richesse du livre se retrouve surtout dans ses études sur la mémoire et l'attention.
C'est le texte de l'édition originale (1760) de l'Essai analytique sur les facultés de l'âme que nous avons retranscrit ici. contrairement à son Essai de psychologie publié anonymement en 1755, le nom de l'auteur apparaît sur la couverture de ce nouvel ouvrage. Nous avons donné en introduction son Extrait raisonné de l'ouvrage publié en 1764 ainsi que la retranscription partielle d'un manuscrit de Bonnet sur le sujet de la réminiscence datant de 1786.
Ce livre s'adresse aux philosophes, psychologues, historiens et étudiants désireux de découvrir un des écrits fondamentaux de la philosophie de langue française du XVIIIe siècle.