Il y a comme une malédiction.
D'abord, on oublie des faits jadis connus de tout
Français : par exemple, que la France et l'Angleterre
furent au bord de la guerre pour un endroit perdu
du Nil, Fachoda ; que des centaines de milliers
d'Africains vinrent combattre en Europe ; que les
Zoulous ont mis fin au rêve bonapartiste en tuant le
prince héritier, etc.
Ensuite, on multiplie les inepties. On jauge la colonisation
à l'aune de ses bienfaits ou de ses méfaits ; on
prétend que les Africains ne sont pas «entrés dans
l'Histoire» ; on assimile colonisation et extermination
sans réaliser combien le jugement est anachronique
et déplacé.
Marc Michel, historien spécialiste consacré des
études africaines, passe au tamis de sa longue
expérience cette lancinante question du «positif»
et du «négatif» de la colonisation. Dans un essai
passionnant, il remet à l'endroit un siècle et demi
d'histoire coloniale.