Classiques de l'économie et de la population
L'Essai sur le principe de population de Malthus causa, en 1798, un véritable choc idéologique dans une Angleterre en crise, traumatisée par la Révolution française. Ce texte contient la première formulation - inchangée dans les cinq éditions suivantes - du principe de population. Avancée fondamentale, ce principe affirme que les vitesses de croissance de la population et des subsistances sont très différentes, la première étant beaucoup plus élevée que la seconde. À travers ce pamphlet philosophique, en réaction contre Condorcet et Godwin, Malthus met en garde contre l'idée d'un progrès de l'humanité qui serait constant et indéfini. Dès lors, la polémique est lancée : il y aura un avant et un après Malthus. Il s'agit alors « de savoir si l'homme va désormais s'élancer, à une allure accélérée, vers un progrès sans limite, encore inimaginable ; ou bien s'il est condamné à osciller perpétuellement entre le bien-être et la misère ». Pour Malthus, le principe de population est le moteur de l'Histoire, mais aussi son régulateur. Plaçant l'équilibre entre population et ressources au coeur du destin des hommes, son texte demeure une référence majeure dans l'histoire des idées et son principe un concept fondamental dont l'écho se perpétue depuis plus de deux siècles.
Cette réédition, revue et augmentée d'une analyse de la controverse soulevée par l'Essai, est enrichie d'une traduction inédite d'un texte de Malthus paru en 1830, Une vue sommaire du principe de population, qui résume sa pensée et en révèle la constance.