Esthétique des systèmes
« On assiste de nos jours au développement d'une polarité entre l'oeuvre finie et unique du " grand art ", c'est-à-dire de la peinture ou de la sculpture, et des réalisations qui peuvent approximativement être désignées comme non-objets, ceux-ci étant des environnements ou des artefacts qui résistent à l'analyse critique en vigueur... »
Jack Burnham
En 1968, Jack Burnham propose d'utiliser le terme « systèmes » pour définir les pratiques artistiques de ces années-là, qui semblent dépasser le statut traditionnel de l'oeuvre comme objet. Dans deux essais célèbres, parus dans la revue Artforum (« System Esthetics », 1968 ; « Real Time Systems », 1969), dont nous publions ici la première traduction française, Burnham dessine le profil d'une « esthétique des systèmes » : comme une perspective relationnelle qui relie des éléments hétérogènes, des dispositifs technologiques mais aussi des organismes vivants. L'artiste Hans Haacke adopte le même terme pour décrire ses oeuvres des années 1960, dans lesquelles il expose des phénomènes physiques et naturels. Mobilisant un intense débat à son époque, la « pensée des systèmes » est loin d'avoir perdu son actualité : sous des formes et des noms différents, elle imprègne le monde de l'art actuel.