Le titre usuel, Le Lévitique, ne dit pas la même chose que le titre hébreu qui est
l'incipit du livre, Et il a appelé. Le titre hébreu dit la continuité avec ce qui
précède, et il dit que c'est le livre de l'appel. Une convocation en même temps
qu'une interpellation. Le titre grec généralisé dit que les fils de Lévi vont
organiser le religieux.
Et ce troisième livre de Moïse est le livre de l'invention et de l'organisation du
religieux : le calendrier des fêtes, les prescriptions, les interdits. Le rituel,
le cérémonial. D'où la lecture courante n'y voit que ce que la traduction
courante laisse voir : du formalisme, un ritualisme, des répétitions lassantes. De
quoi dégoûter le lecteur.
Mais l'écoute de ce cérémonial du langage change tout. Cette traduction vise
à faire entendre le poème effacé par les traductions qui ne laissent que le sens
des mots. Le langage lui-même fait une incantation.
Avec sa tonalité spécifique : c'est l'entrée de la sainteté, la naissance du bouc
émissaire, la couverture des fautes, l'Enseignement, le pur et l'impur jusqu'à
l'horreur. Dans un récitatif qui s'enchante de son propre dire. C'en est ici
l'écoute.
C'est ici la suite du projet de traduction de la Bible par Henri Meschonnic
commencé avec Les Cinq Rouleaux (Gallimard, 1970), Jona et le signifiant errant,
(Gallimard, 1981) et repris dans Gloires, traduction des Psaumes (Desclée de
Brouwer, 2001), Au commencement, traduction de la Genèse (Desclée de Brouwer,
2002), Les Noms, traduction de l'Exode (Desclée de Brouwer 2003, accompagnée
d'un CD où Henri Meschonnic lit en hébreu et en français des extraits de
Gloires, Au commencement et Les Noms).
Ce projet n'est pas séparable des poèmes ni de la réflexion théorique. Derniers
poèmes parus : Infiniment à venir (Dumerchez, 2004), Tout entier visage (Arfuyen,
2005) ; essais : Célébration de la poésie (Verdier, 2001), Hugo la poésie contre le maintien
de l'ordre et Spinoza poème de la pensée (Maisonneuve & Larose, 2002), Un coup de
Bible dans la philosophie (Bayard, 2004).