En 1664, le médecin anglais Thomas Willis, cofondateur de la prestigieuse Royal Society, publie à Londres son Cerebri anatome, un ouvrage enrichi de gravures magnifiques et minutieuses offrant au regard, pour la première fois dans l'histoire de la médecine occidentale, les ramifications des nerfs du cerveau humain. Avec cet ouvrage, Willis allait fonder une nouvelle science à laquelle il donna le nom de « neurologie », une science qui allait localiser l'âme humaine non pas dans le coeur, « siège de la conscience » selon Aristote, non pas dans les humeurs chères aux adeptes de la mélancolie et de la « bile noire », mais dans le réseau complexe des neurones cervicaux, rompant ainsi avec plus de deux millénaires de tradition médicale. Et l'âme devint chair retrace, en un récit vivifiant où l'odeur du sang se fait presque sentir, l'histoire fascinante de Thomas Willis et de ses divers collaborateurs de l'université d'Oxford (Christopher Wren, Robert Hooke, Anthony Wood, William Harvey), leurs multiples tentatives de dissection de cerveaux animaux ou humains, leurs interrogations religieuses face à la découverte du fonctionnement de la chair humaine, et ce au moment où l'homme s'interroge également sur la relation qu'il entretient avec sa propre pensée.