La théorie de la perversion qui est proposée ici reste fidèle à la
pensée de Freud, tout en échappant aux schémas psychanalytiques
classiques. Elle est, en même temps, réflexion sur la condition
humaine. Au travers des déviations - pittoresques ou banales
- de la conduite sexuelle s'exprime une dimension essentielle, une
tentation permanente de l'esprit : le désir de s'évader des limites
que le réel impose, et de faire advenir «l'impossible». Il s'agit de
détrôner Dieu le Père, d'opérer une transmutation du monde.
Gouvernée par l'hybris, l'entreprise perverse implique une réécriture
de la Bible, au moyen d'une démarche régrédiente.
Sade, Wilde, Bellmer viennent, entre autres, illustrer le propos
de l'auteur qui avance une hypothèse sur la nature des liens que
la perversion entretient avec l'esthétique.