La violence est aujourd'hui devenue l'objet central de multiples discours à prétention éthique. Le sujet contemporain serait «pacifié», la violence étant renvoyée à la psychopathologie. En même temps, ne cesse de croître un climat d'intimité, de brutalité, à tous les niveaux de la vie sociale. Il faut nous dit-on défendre la société contre ses nouveaux ennemis intimes, le pervers, le psychopathe, l'islamiste, le sauvageon, le mauvais pauvre oisif... Face à de telles apories, il est temps de réouvrir le projet de «critique de la violence» proposé par Benjamin au début de ce siècle, pour comprendre ses figures et les mécanismes de sa prégnance, ce qui transforme la lutte en guerre, fixe des affects fluctuants en intimité. Au-delà des récits roses ou noirs, il s'agit de produire une pragmatique ou écologie de la violence, de définir les conditions biopolitiques propres à démentir l'hypothèse de la guerre. Entre espace public et subjectivité, ce livre propose un cheminement immanent, des fragments d'une même tentative : en finir avec le jugement qui mutile la vie.