La tête couronnée d’une muraille, la Mère des dieux trône sur un attelage tiré par des lions. Cette représentation de la divinité est largement diffusée dans le monde romain. À nos yeux de Modernes cette image évoque aussi le caractère contrasté de la puissance divine originaire de Phrygie, que les Romains accueillent en 204 avant notre ère. D’emblée, ceux-ci la considèrent comme à la fois étrangère et ancestrale. Ce paradoxe est examiné à partir de quatre dossiers qu’éclairent des découvertes et des recherches récentes. Le premier est consacré aux galles, dévots de la déesse qui se châtrent à l’imitation d’Attis, frappé de folie par la déesse. Le deuxième vise à éclairer les identités et fonctions de la Grande Mère des dieux. La question complexe des mystères de la déesse est ensuite étudiée, ainsi que leur rapport avec le taurobole, cérémonie particulière durant laquelle les testicules du taureau sacrifié font l’objet de manipulations. Enfin, le culte de Mater Magna est analysé à partir de la documentation abondante qu’offre le cadre particulier d’Ostie, port de Rome. Ce parcours interroge ainsi sous de nouveaux éclairages l’extranéité même de la déesse et de son culte.