Depuis la chute de l'URSS, la Russie n'a connu qu'une brève expérience
du pluralisme politique au début des années 1990. Le pays
s'est ensuite engagé dans une trajectoire de reflux démocratique. Avec
l'élection de Vladimir Poutine à la présidence russe en 2000, l'emprise
du pouvoir sur la scène politique s'est accentuée, excluant les partis
d'opposition de la vie parlementaire.
Privés de représentation, comment les opposants politiques peuvent-ils
faire entendre leur voix dans la Russie des années 2000 et 2010 ?
Comment s'organisent-ils collectivement pour intervenir dans la vie
publique hors du cadre des partis ? Quelles sont les ressources dont
ils disposent ? Quelles sont les menaces qu'ils encourent ? Autant de
questions auxquelles ce livre répond en examinant les nouvelles formes
de militantisme dans la Russie contemporaine, leur articulation aux
revendications locales et quotidiennes et leur usage des nouvelles technologies
de l'information. À la lumière des manifestations contre la
fraude électorale de l'hiver 2011/2012, apparaissent tant l'inventivité
civique dont font preuve les militants russes pour contourner les
contraintes que les limites politiques de leur action collective.
Cette enquête sur les militants d'opposition en Russie est l'occasion
d'une réflexion sur la mise à distance des partis dans les systèmes politiques
contemporains, sur les conséquences de leur affaiblissement,
voire de leur disparition. Les leçons politiques du cas russe sont certes
spécifiques à ce contexte national mais elles illustrent les difficultés pesant
sur les partis dans d'autres espaces européens où leur rôle est souvent
négligé. À partir du cas russe, c'est donc au fond à une réflexion
sur le rôle des partis politiques que ce livre invite.