Si le camp d'extermination de Treblinka est aujourd'hui tristement
célèbre, le camp de travail créé antérieurement (Treblinka I) l'est
beaucoup moins. Le récit de Mieczyslaw Chodzko figure parmi
les très rares témoignages évoquant les conditions d'«existence»
dans ce camp.
Mieczyslaw Chodzko est né à Lodz en 1903. Raflé dans le ghetto
de Falenica, il est déporté avec 6 500 autres Juifs, dans le cadre
de l'Aktion Reinhard : l'extermination systématique des Juifs de
Pologne. Dès son arrivé à Treblinka, il est sélectionné pour le travail
forcé et transféré vers le camp de Treblinka I.
À deux kilomètres de là, son père - comme le sera aussi une de ses
soeurs - est immédiatement gazé dans l'effroyable usine de mort de
Treblinka II. Ils font partie des 800 000 Juifs - hommes, femmes
et enfants - qui y périrent. De cet enfer, il n'y eut que quelques
dizaines de survivants.
À Treblinka I, Mieczyslaw Chodzko est contraint de travailler dans des
conditions difficilement imaginables. Dans cet univers où règnent
l'arbitraire et le sadisme, la violence et la mort sont omniprésentes.
L'évasion est un espoir que l'on ose à peine caresser tant la terreur
est permanente et la surveillance inflexible. Cependant, avec douze
de ses camarades d'infortune, Mieczyslaw entreprit de s'échapper
et y réussit en suivant un plan longuement préparé. En septembre
1943, il saisit un moment opportun et s'évada avec ses camarades.
Il sortait ainsi de plus d'un an de cauchemar et par un miraculeux
concours de circonstance, il put retrouver sa femme et ses filles,
sauvées grâce à de faux papiers.
Caché dans la maison familiale, il s'empressa de fixer sa mémoire
encore vive sur du papier. De ces notes, il tira par la suite le
témoignage plein de probité qui est ici présenté. La seconde
partie de ce volume donne à lire les articles et les rapports qu'il
publia dès août 1944 et qui contribuèrent à révéler l'ampleur
des crimes nazis.