Les années 1980, qui ont vu la faillite institutionnelle et économique des États renforcée par l'instauration de politiques d'inspiration libérale, ont mis en lumière une série de projets « alternatifs » portés par les très nombreuses Organisations non gouvernementales (ONG). Mais, étonnamment, la question de l'évaluation de ces petits projets, « participatifs » et « solidaires », demeure insolite en comparaison de la réputation que les ONG ont par ailleurs acquise, tant auprès d'un large public que des acteurs traditionnels de la coopération.
Pourquoi procéderait-on à leur évaluation et comment ? Sous quelles conditions les petites opérations de développement des ONG peuvent-elles se prêter à cet exercice critique ? Sont-elles justiciables d'une approche économique, même si elles y sont irréductibles et appellent une pluralité de regards disciplinaires ? En définitive, est-ce qu'une évaluation économique peut contribuer à améliorer les projets des ONG ?
A l'appui d'une réflexion mêlant travaux théoriques sur les méthodes d'évaluation et observations de terrain au Burkina Faso, l'ouvrage traite des enjeux d'une évaluation organisationnelle. L'évaluation peut difficilement se réduire à un calcul économique dès lors qu'est reconnu le caractère conflictuel de la décision et que les effets de cette décision restent soumis à l'incertitude. Appliquée au travail des ONG dans le secteur agricole, cette conception de l'évaluation, ouverte et ajustée, révèle les limites de leurs actions. L'ouvrage conclut aux liens étroits qui existent au sein des organisations, telles que les ONG et leurs projets, entre l'évaluation, les dynamiques d'apprentissage et la performance socio-économique.