Lorsqu’en 1800, Lamarck proclame publiquement son adhésion à la théorie transformiste, le contexte politico-religieux semble prêt pour que s’impose l’une des plus grandes mutations de la pensée scientifique contemporaine. À sa suite, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, anatomiste et embryologiste de génie, tente d’imposer les idées évolutionnistes, affrontant à travers une célèbre controverse le baron Cuvier, fondateur de la paléontologie des vertébrés et patron tout puissant de l’Académie des sciences. Cette lutte aboutit au triomphe provisoire de Cuvier qui, en 1830, grâce à l’appui des milieux conservateurs, bloque durablement l’essor du transformisme en France. Trente ans plus tard, en 1859, la publication de L’Origine des espèces par Charles Darwin impose définitivement l’idée d’évolution. Mais en France, la conversion massive de la communauté des naturalistes au transformisme est encore retardée par une ultime résistance des fixistes, qui cherchent à rejeter cette théorie en dehors du champ scientifique. Grâce à une minutieuse restitution des bases épistémologiques des travaux biologiques français du XIXe siècle, Cédric Grimoult met en scène une communauté de savants très divisés quant à la manière d’aborder la question de l’évolution. Dans un style clair et vivant, l’histoire des sciences rencontre ici l’histoire des idées politiques, religieuses, sociales.