Les exécuteurs : officiers, médecins, anthropologues, juristes, fonctionnaires
allemands, nouveaux Allemands mais aussi volontaires
non allemands, Ukrainiens, Baltes ou autres, enthousiastes à la
tâche. Tous participèrent au génocide dans la pleine conscience de
la fonction qu'ils exerçaient et en sachant que, pris dans l'engrenage,
jamais leur action ne pourrait être annulée, effacée.
Les victimes, identifiables et recensables à tout instant, et que la
mort collective agrégea en une masse sans forme, inscrite dans la
mémoire sous l'évocation froide des millions qu'elles furent. Or,
toutes ne vécurent pas semblablement dans le temps ni dans l'espace
l'impact du génocide : élites communautaires, hommes, femmes,
enfants, couples mixtes, Juifs christianisés, célibataires, pauvres et
marginaux subirent, selon les stratifications et les inégalités sociales,
démographiques, voire politiques et religieuses, la Catastrophe qui
finit par les engloutir.
Les témoins : les sauveurs, individuels ou collectifs, les Alliés, les
puissances neutres, les organisations sionistes, les Églises, dont
nombre se crurent - ou se voulurent - impuissants, si bien qu'ils
le devinrent.
Les vingt-quatre chapitres de ce livre sont autant de vignettes qui,
inscrivant chacun à sa place dans le processus génocidaire, nous
donnent non plus l'anatomie de la Catastrophe, mais sa physiologie.