Le succès de Kadosh en 1999 a permis au
public français de découvrir Amos Gitai.
Depuis ses débuts en 1980, la critique a
toujours été attentive à l'oeuvre de ce
cinéaste, et les médias ont largement
contribué à sa reconnaissance, tant il
incarne à lui seul le cinéma israélien. Depuis Kadosh, Gitai enchaîne film sur
film à un rythme soutenu : Kippour en 2000 (film autobiographique évoquant
sa propre expérience de soldat), Eden en 2001 (adaptation d'une nouvelle
d'Arthur Miller), puis Kedma en 2002 (sur les émigrants européens rescapés
de la Shoah en 1948), et Alila en 2003 (sur la vie quotidienne à Tel-Aviv
aujourd'hui).
Le parcours d'Amos Gitai n'a rien d'une trajectoire rectiligne ou prévisible.
Dès ses premiers documentaires (House en 1980, et Journal de campagne
en 1982), de sérieux démêlés avec la censure le contraignent à quitter Israël.
Ses années d'exil, d'abord à Paris, lui offrent la possibilité d'expérimenter,
de voyager, de poser son regard sur le monde : l'Amérique, l'Asie, l'Europe.
Mais le cinéaste ressent profondément que c'est en Israël qu'il doit avant tout
filmer. Au milieu des années 90, il entame sa Trilogie des villes : Devarim tourné
à Tel-Aviv (1995), Yom Yom à Haifa (1998) et Kadosh à Jérusalem (1999).
Ce livre est pour moitié constitué d'entretiens avec Amos Gitai. On y
découvre la trajectoire biographique et artistique d'un cinéaste qui alterne
fictions et documentaires. L'autre partie est un essai de Serge Toubiana,
aidé de Baptiste Piégay, qui fournit au lecteur quelques pistes pour
l'analyse d'une oeuvre déjà riche d'une cinquantaine de films. Chacun des
films d'Amos Gitai pose la question de l'identité juive, du terrritoire, de
l'imaginaire mythologique à partir des Textes fondamentaux, la bible en
premier lieu, mais aussi de la réalité politique et géographique du Moyen-Orient.
Ces questions, d'une actualité brûlante, Amos Gitai les aborde avec
une liberté d'esprit et un courage qui ne se dément pas.
L'ouvrage est complété d'une filmographie détaillée.