Explorer la ville
Entre les premiers écrits de l'école de Chicago des années 20 et l'oeuvre de Goffman sur les relations en public, le livre d'Ulf Hannerz se présente comme un inventaire raisonné des travaux empiriques et théoriques qui ont fait de l'anthropologie urbaine un champ de recherches spécifiques dans le monde anglo-saxon.
Tout en présentant et en commentant un nombre considérable d'études localisées et de monographies ethnographiques du milieu urbain, généralement inconnues du public français, Ulf Hannerz entend reprendre à son compte la question fondatrice d'une sociologie et d'une anthropologie de la ville : quels sont les effets organisationnels et culturels de la diversité des rôles et de la densité des réseaux qui caractérisent le milieu urbain ?
Hannerz se réclame du courant interactionniste et privilégie l'étude des acteurs sociaux et des situations sociales dans lesquelles ils déploient des répertoires de rôles divers, c'est-à-dire des engagements situationnels finalisés. Mais cette approche micro-sociologique se trouve combinée ici de manière originale avec une analyse des domaines d'activités qui structurent la ville comme assemblage de textes : rapports d'approvisionnement, de parenté, de voisinage, de loisirs et de trafic.
Au terme de ces analyses, il apparaît que la fluidité apparente des sociétés urbaines est l'effet d'une surdétermination des rapports sociaux et des situations d'interaction dans lesquels se trouve inscrit le citadin ordinaire.