La fable, genre oral et populaire dont l'origine se perd dans la nuit des temps, connaît, au Ier siècle de notre ère, un changement radical: elle devient poème. Deux écrivains inaugurent cette évolution, qui conduira à la fable littéraire que nous connaissons aujourd'hui. En versifiant des histoires puisées dans le fonds anonyme des textes ésopiques, Phèdre, dans le domaine latin, et Babrius, qui écrit en grec, s'attachent à donner à la fable ses lettres de noblesse. Cent quarante-trois fables de Babrius sont parvenues jusqu'à nous, qui relèvent toutes d'une esthétique de la douceur, où le plaisir de raconter des histoires s'allie à l'humour et à la finesse, et où bien souvent perce la sympathie de l'auteur pour les humbles, les petits, pour tous les êtres en situation critique.
La traduction nouvelle de Roland Duflot redonne à ces fables la fraîcheur et l'élégance de leur temps, qualités qui firent d'elles, avec celles d'Ésope et de Phèdre, une des sources où puisa La Fontaine.