«Tandis que nous descendons la pente d'une
petite ravine au fond de laquelle coule un marigot
grossi par la pluie, que nous allons devoir traverser
avec de l'eau jusqu'au ventre, en levant les yeux,
j'aperçois soudain sur le versant opposé, notre éléphant
qui, revenu sur ses pas, défile majestueusement
en travers, à 120 m de nous.
«Instantanément je saisis mon express, et vise
au coeur... Mais au moment de presser la détente,
je songe qu'à cette distance je ne puis assurer mon
coup, et, selon toutes chances, ne ferai que blesser
mortellement l'animal. Il ira crever Dieu sait où et
sera de toute façon perdu pour moi. La pluie diluvienne
qui tombe effacera instantanément toutes
traces. Dans une heure, il fera nuit. Alors, à quoi
bon ?
«Je rabaisse lentement mon arme, et je
contemple mélancoliquement le magnifique animal
dont l'énorme masse ne tarde pas à s'estomper
derrière le rideau glauque des cataractes célestes.»