Faces au mur
Le portrait dans l'art urbain
Offrant un miroir à la société, l'art du portrait a élaboré ses codes et ses modes au fil des siècles. Considéré, en Occident, comme un genre à part entière, il a connu avec la photographie une profonde remise en question. Adulé puis abandonné, c'est dans la rue qu'il retrouve aujourd'hui ses lettres de noblesse grâce à l'art urbain. Longtemps apanage d'une élite sociale, conservé dans l'écrin des demeures puis des musées, il s'exhibe à présent au grand jour et à la vue de tous. Dorénavant, les artistes urbains s'émancipent des commanditaires de naguère pour choisir leurs modèles. Qu'ils reprennent des figures célèbres ou fabriquent de nouvelles icônes, ils régénèrent le genre du portrait dont ils épousent et bousculent les techniques comme les codes.
Richement illustré, cet ouvrage nous montre, à partir d'un vaste choix d'oeuvres emblématiques de l'histoire de l'art (peintures et photographies), comment les plus grands artistes urbains s'approprient ce genre artistique pour mieux le remettre en question.
Quels sont les détails d'un visage qui permettent de reconnaître l'identité d'un portrait ? Pour évoquer l'emblématique Joconde,César Malfi a choisi son regard plutôt que son célébrissime sourire. Jouant avec les attendus de ce portrait iconique, l'artiste urbain en propose une lecture nouvelle en lui substituant la moue impersonnelle dérivée des figures de Fernand Léger. À la subtilité du modelé de Vinci, il oppose le graphisme noir et brut du peintre moderne. À la quête du réel du maître de la Renaissance, il confronte le « nouveau réalisme » de l'artiste cubiste. Pratiquant la rupture jusqu'à la fragmentation, César Malfi opère aussi une continuité dans l'art de citer les classiques. En les fusionnant aux modernes, il crée un portrait syncrétique et singulier. Plus véridique ?